Les valorisations d’entreprises sont au plus haut, et l’été n’a pas mis un terme à cette embellie. Les investissements influencent-ils ces valorisations ?
La tentation du sous-investissement est risquée
Pour vendre au mieux dans cette période euphorique, une tentation facile pourrait être de ralentir voire stopper les investissements. L’idée sous-jacente est d’améliorer la rentabilité faciale de l’affaire avant la vente. Les vendeurs peuvent ainsi invoquer le motif que les repreneurs décideront des investissements qu’ils jugent stratégiques !
Ce calcul à courte vue peut se révéler destructeur pour l’entreprise et l’actionnaire cédant. En effet, une entreprise qui arrête d’investir dans son outil productif peut rapidement devenir une entreprise sur le déclin… Elle prend le risque d’être dépassée par ses compétiteurs, de perdre en productivité et en attractivité pour ses parties prenantes (clients, salariés, fournisseurs…).
Certes, la diminution des capex a un impact sur les bénéfices immédiats. Mais cet effet en trompe l’œil est immédiatement repéré par les acquéreurs qui se plongent dans les comptes et effectuent une visite des unités de production avec un œil averti.
Une vision exhaustive des dépenses d’investissement est nécessaire
L’investissement concerne tous les niveaux de l’entreprise : outils, machines, personnel, marketing, R&D… Une entreprise qui cesse d’investir témoigne d’un dynamisme en berne… Et d’une vision de la transmission laissant aux futurs repreneurs la responsabilité d’un redressement, altérant potentiellement la perception de sa valeur.
Pour les entreprises industrielles, le retard d’investissement peut être jaugé lors d’une visite de site :
- Machines à l’arrêt car en panne
- Vétusté manifeste des locaux
- Organisation peu rationnelle voire défaillante des flux de production,
qui sont autant de signes d’un déficit d’investissement.
Dans des entreprises « asset lights », il est parfois plus difficile de jauger d’un retard d’investissement. Les dépenses réalisées dans le système d’information, la protection des données, les dépenses de formation des personnels sont alors à considérer avec attention.
Dans tous les cas, une analyse approfondie des actifs de l’entreprise, de ses comptes historiques et de son fonctionnement opérationnel au quotidien s’impose.
Le sous-investissement impacte négativement la valeur
Un acquéreur qui a repéré le déficit d’investissements aura pour réflexe de retraiter le plan d’affaires présenté par le vendeur. C’est ainsi qu’il introduira des capex « normatifs » dans son analyse. Si la faiblesse des investissements est constatée depuis plusieurs années cela pourra avoir des conséquences sur la valorisation. Un acquéreur pourrait défalquer du prix le montant global des investissements de mise à niveau de l’outil qu’il juge nécessaire pour maintenir la position concurrentielle de l’entreprise.
Dans le cas d’entreprises sous LBO, le remboursement de la dette d’acquisition ne doit pas se faire au détriment des investissements. En effet, ces derniers participent à la croissance de l’entreprise et sont généralement la condition sine qua non de son développement harmonieux. L’équilibre entre investissement de renouvellement, entretien et croissance des outils de production, et service de la dette conditionne le succès durable des entreprises et leur valorisation dans le temps.
« Rien ne sert de désinvestir, il faut choisir et voir loin. »